28/1 _ 22:15

Extérieurement, vous semblez vous porter à merveille. À y regarder de plus près, on sent un peu de déprime.

L'horoscope du 20minutes d'aujourd'hui. En ce cinquième jour de partiel. Il ne reste plus que deux partiels. Sur onze.
Il y a deux mois, j'aimais ça, j'aimais toutes ces choses que j'apprenais. C'était épuisant, mais... jouissif. Quelque part, apprendre de nouvelles choses, me retrouver dans un milieu d'élite (puisque c'est bien ça, les conversations futiles de ces gens que j'appelais amis sont... futiles justement, et encore plus celles des lycéens dans le métro), travailler, et progresser, j'aimais ça.
Aujourd'hui, j'ai envie de tout envoyer balancer. Tout ce à quoi je pense, c'est deux semaines de vacances. De thé, de séries américaines, de musées, de repos, deux semaines de rien. Et à un possible éventuel voyage jenesaisoù pendant les vacances d'été. Tout ce qui est entre, si je ne veux pas le quitter parce que je suis trop fière, parce que je ne peux accepter une défaite, tout ça, j'ai envie de l'envoyer voler par la fenêtre. Juste quelques centaines, je dirais même quelques milliers de feuilles bariolés.
Il est trop tard pour reculer, i'm a warrior comme on se le répète entre deux cafés, mais merde, je n'en peux plus d'apprendre, et de recracher. De passer des heures penchée sur une feuille à gratter ; toujours plus, toujours plus vite, toujours mieux. C'est épuisant, et vingt et une heure passées dans un amphi à recracher, oui, recracher tout ce que je sais sur une feuille de papier.
Et le pire, c'est que ce que je recrache ne sert à rien dans la vie. La vraie vie, le vrai monde, les vrais gens. Je ne sais plus ce que c'est. Je suis enfermé dans une tour de papier, je m'enferme, je rajoute des couches, la tour se fortifie, grandit, en oubliant que dehors une bombe nucléaire a exploded. Je me suis emprisonnée, et je ne veux même pas sortir de cette cage de papier.
Je suis exhausted. Je ne sais plus le dire en français.

21/11 _ 23:34

Ce n'est pas comme si c'était inintéressant, comme si je m'ennuyais toute la journée. Même pas. C'est tellement vivant, c'est tellement, tellement de nouvelles choses tous les jours, tu sais, genre t'as plongé la tête dans une bassine remplie d'eau française et anglaise, et qu'en plus ça tourbillonne à l'intérieur. Ça te rentre dans la bouche, dans le nez, dans les oreilles, et à la limite, même si tu ne respires plus tu aimes ça.
Voilà, ma vie c'est ça. Ma tête dans une bassine d'eau, et j'aime ça.
C'est tous les jours la même chose; je me lève tôt, j'avale un café, je fume une cigarette, et puis une autre, et encore une autre. Je lis de l'anglais ou du français dans le train, j'arrive à la fac, je m'assois, j'écoute, je prends des notes, je bois un café, je fume, je me rassois Parfois je n'ai pas le temps de manger, et sinon, je ne prends pas le temps de manger. Et café, cigarette, et encore des notes. Je n'ai jamais autant usé de stylos noirs en un seul mois. Encore quelques cigarette, un autre café, et quand je prends le métro dans le sens inverse, il fait déjà nuit. Et quand je rentre, je mange, je fume une cigarette, et si je ne suis pas totalement déchirée par une journée de 10heures de cours, je travaille encore. Et c'est comme ça tous les jours. Même ce week-end de trois jours qui me faisaient sauter de joie le jour de la rentrée. Je n'ai plus le temps de manger, de voir mes amis, d'aller au musée ou au cinéma, de lire un bouquin, de dormir même. Il faudrait tout faire en même temps.
Mais c'est génial. J'apprends tellement de choses tous les jours ; parfois le soir, quand je rentre chez moi, je ne sais même plus parler français. Parfois quand je trouve deux minutes pour lire un bouquin, je comprends tout ce que l'auteur a voulu dire, sans avoir à tout décortiquer minutieusement, comme avant. C'est jouissif.
Sauf que ça dure trois ans, que j'ai l'impression de vivre dans une bulle de papier et de lettres, que je ne vois plus personne, enfermée dans ma chambre rouge, et tout ce qui me fait tenir (à part cette fête stupide dans deux semaines, même pas pour mon anniversaire, et à laquelle je ne pourrais pas rester trop longtemps parce que j'ai du travail), c'est le après. Le après ces trois ans, quand je pourrais enfin appliquer tout ce que j'ai appris. Quand tout ça me paraitra loin, et que je me sentirais fière d'avoir vaincu la pression, la compétition (oui, même à la fac), les journées de cours interminables, les nuits trop courtes.
Mais est-ce que après ces trois ans, ce sera ce que j'attends au moins ? Ou est-ce que ce sera la même chose ? Est-ce que j'y arriverais au bout de ces trois ans, est-ce que je saurais me démarquer pour continuer, est-ce que, est-ce que ?
Tous les matins, la clope au bac, le café dans la main, sur les escaliers de la fac, tous les matins, je me demande est-ce que j'ai fait le bon choix ? Et pourquoi ? Pourquoi je suis là hein ? Qu'est-ce qu'il m'a pris ? Est-ce que j'y arriverais ?
Il fait froid, je bois trop de café, je fume trop, et j'ai passé mon week-end à dormir, parce que cette semaine, je n'en aurais pas le temps.

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16/9 _ 15:07

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je sais, va t'acheter un tumblr. et des collants neufs.
et une vie. ça c'est urgent, parce que j'ai beau être en vacances pour encore deux semaines, je me fais chier en fait.


10/9 _ 2:05

J'ai pas l'air conne à fumer à ma fenêtre à deux heures du matin, en pleurant. Face à la rue défoncée à coup de tractopelles; maintenant, c'est de la boue maronnasse.
J'ai pas l'air conne, non, à me dire que j'ai tout raté, que je n'ai pas assez profité. J'ai pas l'air conne à me dire que j'ai tout manqué avec elle.
J'ai pas l'air conne à me mettre à pleurer, parce que l'héroine de Persepolis, sa mamie elle était géniale, et elle partageait tant de trucs avec elle.
Moi, ma grand-mère, je l'ai manqué. Je sais pas, j'étais timide, elle me faisait peur. Ou peut-être que je la voyais pas assez. Ou alors, je détestais tout le monde. Et juste, quand ça allait mieux, quand je commençais à sourire parce qu'il y avait des fleurs dans les arbres, et parce que j'allais passer des vacances chez mes grand-parents, bah, pouf, elle s'en est allée. Au revoir. Même pas de je t'aime, juste des bisous, sur le bout des doigts, qu'on souffle vers cette dame. Cette belle dame.
Elle se trouvait moche, grosse et vieille quand elle me montrait ses bleus sur les jambes. Moi je la trouvais belle, c'était ma seule grand-mère, et elle faisait la meilleure cuisine du monde, et elle était toujours aux petits soins. Mais moi, j'ai rien vu, j'ai cru que c'était une vieille dame qui n'avait jamais su profité.
Avant, je parlais de mes grands-parents comme ces petits vieux, avec des pantalons à pince, et cet air sérieux sur le visage qui te regardent de haut quand ils marchent à côté de toi, toi aux cheveux rouges, aux vêtements multicolores, qui fument ta clope, assise par terre.
Mais en fait, ils étaient pas comme ça. Elle était pas comme ça. Elle adorait mes cheveux rouges, mes atebas, mes vêtements joyeux. Et si elle avait su que je fumais, ça lui aurait juste fait de la peine de me voir me bousiller la santé.
Elle était pas bête, elle avait évolué avec son temps, elle m'envoyait des mails, et je ne prenais même pas la peine de répondre.
C'est ça, de pleurer à deux heures du matin, accoudé à sa fenêtre, en fumant une cigarette. J'ai rien compris, j'ai tout raté.
Je ne lui ai pas demandé de m'apprendre à tricoter, ni de m'apprendre à faire du riz au lait, ou de la ratatouille. Je ne lui ai jamais demandé de me montrer des photos d'elle, plus jeune. Ni de me raconter comment c'était la guerre, comment était son papa, et sa maman aussi. Je ne lui ai jamais demandé c'était comment ses études de droit. Je ne sais pas quel est son livre préféré, son film préféré, son chanteur préféré.
Je ne sais rien d'elle, mais elle n'est plus là. Qu'un tas de cendres, dans une tombe en marbre, sous un monceau de fleurs.
Et je ne sais même pas quel est son deuxième prénom.
 

30/8 _ 18:37

Carpe Diem mon cul. Quand on sait pas ce que ça veut dire, on se la ferme. À ce stade, t'auras pas à t'en prendre à Horace si tu te fais violer.
Rien n'a changé, sauf moi. Ou le chemin s'est divisé en deux branches bien distinctes.
Le fossé s'est dangereusement creusé, et je suis encore en équilibre à côté. J'ai les bras écartés, et j'évite de regarder en bas, au contraire. Je regarde en face, loin devant, la lumière au loin, et un pied devant l'autre, prudemment. Sauf qu'elle, qu'eux, ils courent comme des dératés,  avec de l'alcool dans le sang, en pensant qu'ils arriveront plus vite à la lumière. À force, ce sont eux qui vont se casser la gueule. La Fontaine avait raison.
Pour la première fois de ma vie, depuis longtemps, je me sens sûre, sur mes deux pieds. Pour la première fois, la lumière au bout est éclatante et je suis en sécurité. Pour la toute première fois, je commence à comprendre je peux dessiner quelque chose au lieu de laisser les autres peindre. Et pour la première fois, j'ai envie de la regarder de haut, et de lui dire que putain, non, elle n'a rien compris. Et que non, je ne veux plus la voir, pour ne pas me faire happer dans le fossé avec elle. J'ai autre chose en tête.
cf #
 

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