26/7 _ 1:50

Les murs blancs, les frises bleues, ou jaunes. Des reproductions bon marché de Renoir ou Monet sur les pans de couloirs, interminables. Et cette odeur, entêtantes, qui s'infiltrent dans mes poumons, et prend toute la place.
La dernière fois que j'étais dans un batîment où il y avait cette puanteur qui flottait, c'était pour voir ma propre mère, se laisser porter, sans force, contre la mort, le jour de mon anniversaire.

Ce n'était pas ma mère, mais presque, dans cette chemise de nuit anonyme, trop grande. Ses yeux violets, ses mains fines, ses veines apparentes, son front humide, et la couverture ramenée sur elle, jusque sous le menton. Et ce regard fuyant, son regard qui se fixe partout ; les murs, les aiguilles plantées dans son bras, le pansement sur sa jambe, la télé muette. Qui se fixe partout, sauf sur moi.
Parce qu'elle a honte d'être malade, de ne pas pouvoir nourrir correctement sa famille, parce qu'elle est nue sous sa chemise, et qu'elle est reliée à un fil pour uriner.

Elle m'a souri, et elle m'a serrée la main quand je suis partie. J'ai répété, plusieurs fois, "À bientôt". Comme pour la convaincre qu'elle serait plus forte que tout, qu'elle allait se battre, et que je la reverrais.
Et je n'ai pas osé lui dire "Je t'aime". Parce que, c'est comme "au revoir"; ça veut dire adieu. Je t'aime, pars en paix.
Je ne veux pas qu'elle parte. Je veux qu'elle fasse trop de riz au lait, juste pour me regarder m'empiffrer, le sourire aux lèvres. Je veux qu'elle fasse de la ratatouille, qu'elle se plaigne de ses articulations, qu'elle s'occupe de ses géraniums, qu'elle rit en me parlant de son petit chat, qu'elle se dispute avec spn mari sur le sens du vent.
Je veux qu'elle me voie grandir, qu'elle me félicite pour mon diplôme, pour mon permis. Je veux lui présenter mon (futur) copain, je veux l'invitier à dîner chez moi. Je veux qu'elle voie mes enfants, qu'elle me sourit, encore. Toujours.

Je veux que ma grand-mère guérisse, qu'elle se lève de son fauteuil, et qu'elle se précipite dans sa cuisine, pour nous dire qu'on a mis du bazar partout.
Je veux que le sourire de Manou, je veux voir de nouveau sa force, sa determination.


Papou avait les yeux rouges quand il m'a dit que Manou préparait déjà ses obséques. Je suis sur le testament, je ne veux pas savoir, l'ascenseur est arrivé. Mon grand-père pleure et embrasse de nouveau sa femme.
Il a plu.


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Sur la route, près de chez moi, les murs étaient sales, et la lumière rose du soleil se mélangeait à la poussière. Je me suis surprise à avoir envie de fumer un joint, allongée dans l'herbe, en regardant les avions, dans le froid. Juste un joint.



(désolée de ne pas te dire, c'est trop, et impossible. c'est comme si je te disais ici, je ne peux pas plus.)
Par fleurs.des.champs le 28/7 _ 10:24
Je suis là si tu as besoin, je t'aime <3
 

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